Coucho, si tu lis ceci, contacte-moi, car Charlie Schlingo et moi avons si souvent parlé de toi et du Banni, et il voulait te revoir, mais il pouvait jamais te retrouver. Dommage. Crumb, same thing.
Grosagro | Bedax | Pirus | Floch |
Nadine | Max | Floupette | Bill Griffith |
Blexbolex | Pypo | Stéphane Rosse |
[JEAN-LOUIS FLOCH]
Objet: JEAN-LOUIS FLOCH...
Date: le 23 juin 05
Merci Thomas!
Oui c'était émouvant [ Au café Le Nant, en
souvenir de Charlie Schlingo ] tous ces gens si différents
et qui ne se connaissaient
pas forcément mais qui aimaient sincèrement Charlie
Schlingo. ça lui ressemblait
bien...
Moi j'ai une histoire paradoxale sur lui: un jour de forte chaleur
il y a 2
ans, il a vécu chez moi un truc qui ne lui était
jamais arrivé (et sans
doute jamais après) : une cuite à l'eau!!!
Il avait supersoif et s'enquille sans pause 3 ou 4 grands verres
d'eau...On
commence à causer et tout à coup il se trouve mal,
se met la main devant la
bouche, fonce aux chiottes, gerbe tout ce qu'il peut (je précise
qu'il
n'était pas arrivé bourré) et ressort lessivé,
hagard et incrédule...!
Un choc quasi métaphysique très rapidement ramené
à une simple constatation
que, non, vraiment, l'eau c'était pas son truc!
À bientôt j'espère! Bise!
[ Grosagro : ]
Pareil: un seul jour de ma vie j'ai vu Charlie Schlingo pas boire alors qu'il n'était pas malade. C'était au début des années 1980, on allait dormir chez mes parents le soir, et yavait pas d'alcool, et j'avais envie de me coucher. Charlie Schlingo reste aussi, par flemme, chez mes parents et se couche sans rien picoler, à contre-coeur. Le lendemain matin, on se lève, et à mon immense surprise, Charlie Schlingo était jaunâtre, le teint de cire de quelqu'un qui a une horrible gueule de bois. Qu'est-ce que j'ai pu me foutre de lui ce matin là !
[ Grosagro : ]
tiens, une seule fois en 20 ans j'ai vu charlie intimidé,
paralysé
c'etait qd il a revu Robert Crumb (qu'il connaissait déjà)
a la librairie La Hune, a Paris, dans les années 80, je
pense en 86, pour la dédicace de "Bible of Filth"
il a mis 20min a oser lui serrer la main, super discret et
intimidé! puis il a filé sans même oser dire
une phrase, juste "salut"
Quand j'ai rencontré Charlie Schlingo, il faisait des
dédicaces aux galfa
c'était le jour de mardi-gras, donc j'étais déguisé
en baba cool (sac us, peace and love, sandales, mille châles
violets, patchouli, tout ce que je haïssais). Heureusement,
j'avais mon badge "nucléaire non merci" et juste
a coté mon badge maison "oasis non merci"
j'étais ultrafan, donc je suis resté aussi longtemps que possible, jusqu'a ce qu'il se barre, donc j'ai vu plein de dédicaces
j'ai oublié depuis, c'était en 1984, mais incroyablement,
il était très drole des heures de suite, des dédicaces
un peu du genre
"a jean, avec mes plus sincères chaussures",
"veuillez agréer, jean, l'expression de mes slips
les plus respectueuses"
depuis des années, je cherchais les vieux strips de popeye par segar, c'etait avant les rééditions. J'avais appelé King Feature à NY: c'était un milliard de $ le strip photocopié. Mon intuition m'avait dit que seul Charlie Schlingo devait avoir ca en France. Je lui ai demandé, et il a été très surpris de ma question et m'a répondu que oui, et qu'il me passerait son album de strips pour que je le photocopie, et qu'il habitait pres de chez moi, rue muller
rue muller, j'y vais et je vois une "librairie chevaline"
c'est ce qui était marqué sur la boutique
j'entre, sûr et certain que c'est chez Charlie Schlingo
la libraire, Nadine, me répond: "non, mais il vient
ici tous les jours pour chier"
----
et c'était vrai
vive la France
Objet: Rép : allons jeter une gerbe sur sa bière
Date: 20 juin 2005 17:29:00 GMT+02:00
De: nadine
Nadine Grospieds confirme : Schlingo est un sacré
chieur (entre 12h et 13h à la librairie chevaline de la
rue sans fin).
Est-ce qu'on peut se murger de conserve entre abrutis
pour
oublier que là, il nous fait vraiment chier
???
tiens, je suis repassé a la librairie, mais depuis, tiens! ils ont repeint ...
voilà:
- une photo prise à Mantes chez Stéphane. Je crois que tu [Grosagro] faisais partie de la bande d'abrutis qui a regardé la tété pendant deux jours en mangeant les bonbons que tu affectionnais à l'époque ... J'étais avec une copine (c'est elle qui a fait la photo) et Romain.
Blexbolex
Objet: Rép : et si on allait jeter une gerbe sur
la bière de Charlie Schlingo
Date: 26 juin 2005 15:56:30 GMT+02:00
De: Blexbolex
Salut Thomas
Merci pour ces histoires qui m'ont bien fait rire.
Je connaissais Charlie Schlingo assez peu, finalement. J'ai
une personnalité sans doute un peu trop tiède. Ma
vraie rencontre avec lui s'est faite lors d'une expo, dans un
bar appelé Le Pic-Vert. Je l'avais repéré
du coin de l'il et donc, je me tenais sur mes gardes. J'ai les
rapports humains difficiles et je déteste les célébrités.
Je ne sais pas pourquoi, il est venu vers nous (Corinne et moi).
Je suis capable de refroidir n'importe qui, mais Corinne est très
chaleureuse et il est resté discuter avec nous, avec La
Méchanceté, sa petite chienne à l'époque.
Je ne voulais pas me laisser faire, la discussion a tourné
vers quelque chose de très technique, à propos d'imprimerie,
franchement rebutant pour n'importe qui. À ma grande surprise,
Charlie Schlingo s'est montré tout à fait à
son aise et même assez content du tour que prenait la
conversation.
J'ai subitement compris que j'avais devant moi quelqu'un qui
connaissait
son métier sur le bout des doigts.
On s'est détendus à ce moment-là, et la discussion
a pu se réchauffer. Il était drôle et très
fin. Et puis Corinne et lui se sont mis à parler de la
mort des chiens. J'avais du mal à garder mon sérieux,
d'autant qu'eux-deux l'étaient absolument. Ils étaient
au bord des larmes !
On l'a vraiment adoré, ce soir-là.
Je viens de lui envoyer deux planches pour Coin-Coin, et je suis un peu anxieux. Il m'appelle et me dit qu'il n'a jamais rien lu d'aussi débile. Je suis effondré. Je raccroche. Je me dis que je suis une merde et que je suis foutu. Il me rappelle pour me dire qu'il n'a jamais rien lu d'aussi débile et il raccroche. Je réalise que c'est un merveilleux compliment et je suis heureux. Vraiment.
J'ai appris sa mort tout à fait par hasard, vendredi dernier. Sur le moment ça m'a juste fait comme une petite décharge électrique. Et puis, je suis rentré chez moi et j'ai dit "Charlie Schlingo est mort."
Depuis deux jours, cette idée m'accapare. Je ne m'attendais
pas à être aussi touché.
Son existence avait plus d'importance pour moi que je ne
l'admettais.
Voilà, c'est un peu sec, mais c'est comme ça.
Tiens-moi au courant
Je t'embrasse
B.
Bedax
Objet: Rép : Bedax
Date: 22 juin 2005 23:33:31 GMT+02:00
Bonjour,
Votre courriel me touche beaucoup et je suis très peiné
de la disparition de
Jean-Charles que je n'avais jamais revu depuis "le havane
primesautier"...
Je ne savais aucunement qu'il aurait souhaité me revoir
!!
Je savais qu'il avait réalisé son rêve d'enfant
: faire de la bd.
Bienheureux est il d'avoir accompli ce rêve...
Là où il est, juste pas loin, de l'autre coté,
je le salue bien fort car nous
avons partagé de sacrés moments d'amitié
et de rigolade !! paix à ton âme,
vieux frère , je regrette bien de ne t'avoir revu ici bas
...ça sera pour
la-haut!
Savez-vous ce que sont devenus Christian Toutain et Patrick
Denis les deux
autres complices du "havane" du tout début ????
Si vous avez des pistes ...
Objet: Rép : Le Max
Date: 25 juin 2005 14:38:43 GMT+02:00
De: max
Tiens moi au courant , j' ai tes coordonnés maintenant , je t' appelle dans la journée , suis mal branlé , j' ai pris une cuite avec Zou et Ouin hier à la mémoire de Charlie Schlingo , je prends une douche , je sors acheter une merdouille à bouffer et dés que je décoince je t' appelle , à + , Zou m' avait envoyé ça , c' est vieux .
--
Salut mon gars , j' ai des galères avec mon Mac , le pire c' est que je suis trop con pour expliquer ce qu' il se passe , sinon suis passé au Nant avec Loraine , j' ai bu des coups (rouges qui tue) à la mémoire de cet âne bâté de Charlie Schlingo , j' y ai passé un bon moment , le taulier est hyper cool , je devais t' envoyer des trucs ? ....... Merde , je perds la mémoire , peut être la photo d' un phoque mort que j' avais prise en Argentine avec Gabriel , quand on l' avait découvert (le phoque mort) de loin on aurait dit Charlie Schlingo qui roupillait après une méga cuite sur la plage , on avait bien rigolé avec Gabriel , c' est vrai que Charlie Schlingo aurait pu ivre mort tomber dans la Seine et les courants aidants le déposer délicatement sur cette superbe plage de Pinamar en Argentine à + de 10.000 km de Paris , ah pute borgne !? ...... ce que Charlie Schlingo peut me manquer , bon mon très cher Thomas si jamais tu passes dans le 14 (Denfer Rochereau - Montparnasse - Alésia) n' hésites pas à m' appeler mais causes au répondeur j' ai des galères de phone , ma vie est un gros Bugue , pas très aidé par la technologie , alors à bientôt pour une bière ( ou 7) ou plus , voilà l' image , j' en ai 3 en fait , même une en macro de la dentition de l' animal , putain ça fouetait sécos ............ désolé si tu as déjà reçu cette photo , mais je me souviens que tes boites étaient pleines , alors ........... Hasta la vista amigo .
Tiens j' ai retrouvé ça , j' ai pratiquement rien de Charlie Schlingo en originaux sauf le dessin que je t' ai envoyé et cette dédicace pour la mort de Carmen (mon bull-terrier blanc à 3 pattes)
[Max]
Objet: Souvenirs Charlie Schlingo
Date: 24 juin 2005 14:49:54 GMT+02:00
De: wessberge eric
Je l'aimais beaucoup beaucoup et Robbie aussi.
Mes souvenirs :
1989 (chais + quel mois) :
Concert des Silver d'Argent, groupe de rock stupide, avec Charlie
Schlingo, Steph Rosse, Botom, etc. Au lever de rideau (invisible),
Charlie Schlingo se met en pyjama sur scène et se couche
avec un ours en peluche. La lumière décline, Charlie
Schlingo embrasse son ours, le tapote amoureusement, puis on
entend
un ronflement paisible. La lumière se rallume et les musiciens
entrent en scène en contournant le lit de Charlie Schlingo.
Enfin, surgit Steph, en costume 3 pièces de VRP. Il prend
place debout devant un
micro et se fige aussitôt dans l'attitude des fameuses conférences
de rédaction du Monde. Pendant tout le concert, ne dit
mot, ne bouge pas d'une semelle. À peine un très
léger sourire, juste l'air de dire : "It's good to
be the king". Chansons entrelardées de poèmes
de Charlie Schlingo, tel ceci :
MON SLIP
Mon slip est gigantesque.
C'est une vision dantesque.
Mais quel monument de sagesse
Que sont mes fesses!
Décembre 91
Anniversaire de Cocotte du Nougat. Cocotte s'était mis
dans la tête de recevoir ses amis (qui sont aussi les nôtres
: nous offrions l'appart) pour une collature, et de les emmener
ensuite au Vieux Paris, sis rue de la Verrerie. Cocotte est un
grand mage du looze. Il suffit qu'il décide d'organiser
quelque chose pour que tout looze, rate, ripe et foire. On ne
peut pas inviter des gens et les foutre dehors à onze heures
et quart, sans auto, pour rejoindre un bar que personne ne
fréquente. Nous étions une quinzaine. Picoux avait
invité le Marsouin qui apparut vers vingt-deux heures trente,
flanqué d'une fille triste et laide. Déjà,
un strip-tease raté avait ponctué de bâillements
nos cris d'apache. Marie-No avait organisé un tirage au
sort parmi les hommes pour que l'un de nous se déshabillât
au son d'une musique latino-slave. Mais un inconnu s'était
glissé parmi nous, un ami d'ami, chauve pour commencer,
timide de surcroît, sur qui tomba naturellement
le fatidique billet. Tout looza sous les hourvaris.
Quand le Marsouin, et son amie eurent englouti les reliefs du
festin de Robby, nous leur demandâmes s'ils connaissaient
ledit bar de ladite rue.
- C'est un peu militaire, dit le Marsouin avec un sourire entendu.
Après maints faux départs, nous quittâmes
la rue des Gardes et abandonnâmes la plupart des amis dans
le froid et la désolature, pour rallier l'immanquablement
looze adresse en taxi. Cocotte était assis à l'avant.
Il adore baratiner les chauffeurs de taxi. Il demanda au Black
comment il s'appelait.
- Ibrahim, dit le Black.
- Ibrahim, vous ne trouvez pas qu'il faut s'amuser de temps en
temps?
- Bien sûr, dit Ibrahim.
Derrière, Schlingo ronchonnait méchamment :
- On était super bien là-haut, au chaud, entre nous,
tu nous emmènes dans des endroits à la con! Si j'avais
su, j'aurais pas perdu une plombe à t'acheter ton putain
de cadeau! Ton stylo, tu peux te le foutre au cul!
Ibrahim était plié.
Nous nous retrouvâmes dans une rue vide, au seuil de
l'établissement,
un petit bar trop éclairé. Il faisait environ deux
degrés.
- Qu'est-ce qu'il attend pour entrer? demandai-je à Schlingo
en voyant Cocotte trépigner devant la porte.
Un affreux couinement électro-mécanique me répondit.
Nous comprîmes qu'il fallait sonner pour entrer au Vieux
Paris.
Maintenant, qu'est-ce qu'un bon bar?
Un bon bar, c'est là où on peut peut brailler comme
des ânes, pisser dans les chopes, déloquer sa voisine,
embrasser la serveuse, taper sur la table, gerber dans les fleurs
et éventuellement, à condition qu'on vous foute
une paix royale, serrer la main du patron parce qu'on met de
l'ambiance
et qu'on fait venir le client.
Un élément comme la musique ne vient qu'après
ces spécifications essentielles. On ne va pas au bistro
pour écouter de la musique.
Or, deux tétonnières et un accordéoniste
guatémaltèque gouvernent ce débit.
L'une des tétonnières (110 profondeur lambda) a
l'air d'une portière de pénitencier corse, ou bien
d'une récureuse d'écuelle dans un chenil texan,
ou alors d'une pompiste grecque. En tout cas, elle a des lèvres
pincées, froides et rincées qu'elle remue sans arrêt
en essuyant les verres, et nous fusille de ses yeux goudron tandis
que nous nous tassons à 9 autour d'une table branlante.
L'autre tétonnière (100 profondeur pi) ressemble
à une poupée de foire, à un oreiller qui
fait coin-coin, ou encore et sans plus de tergiversature, à
une boîte de camembert fabriqué au Lichtenstein.
L'accordéoniste arrive en retard parce qu'un voyageur du
métro s'est foutu sur les rails. Charlie Schlingo renverse
son verre de mescal. Aucune importance car d'ici une heure, il
dégueulera très dignement les deux suivants rue
du Renard.
L'accordéoniste distribue des paroles affreusement imprimées
sur du papier pisseux et entonne une java. Les consommateurs
brament,
puis nous applaudissons.
- Hé, non! Faut pas applaudir, disent ensemble les deux
tétonnières.
Nous nous regardons, consternés.
Le Guatémaltèque écrase un autre air, après
quoi tous les consommateurs claquent des doigts. C'est la règle,
au Vieux Paris. Aucun doute, il s'agit d'une secte.
- C'est pour ne pas réveiller les voisins, nous glisse
un consommateur compatissant.
Quand le Guatémaltèque a attaqué "Elle
essuie des verres au fond du café" et que Charlie
Schlingo s'est décidé à joindre son organe
au coryphée, je me suis dit : Tiens! ça va peut-être
être bien quand même. Charlie Schlingo ouvrait sa
large bouche où luit une incisive ébréchée,
la moustache hirsute et la main napolitaine. Il en résultait
une puissante colonne d'air fauve qui nous rendait flous et
suspects,
tant aux yeux des consommateurs que des deux tétonnières
et du Guatémaltèque.
Après la bluette, ce dernier s'avança et se pencha
vers Charlie Schlingo.
- Vous né chantez pas en mésoure, dit-il d'une voix
désolée.
- Hein? fit Charlie Schlingo, quasiment nourri au lait du
métronome,
si je puis me permettre cette hardie métaphore.
Cocotte exultait.
- Génial ! dit-il. J'étais sûr que ça
vous plairait.
- Ta gueule! lâcha le créateur de Désiré
Gogueneau. Dans ces conditions, moi je ne chante plus. Qu'est-ce
qu'on se fait chier! Un autre mescal, s'il vous plaît!...
Chaque fois qu'elle venait apporter une conso, la boîte
de camembert fabriqué au Lichtenstein me comprimait entre
la table et le bar avec son gros cul. C'est une sensation
terrible....
Été 1994
J'ai passé une chaleureuse et peinarde soirée avec
Charlie Schlingo, rencontré rue de Clignancourt. Je possède
désormais les derniers détails sur :
"Moi, quand j'écoute les Mariachis,
Hie, heu,
C'est toujours déguisé en veau..."
vers ô combien profonds et sonores, où la consonne
d'appui donne à la scansion un velouté des plus
plucheux. Ce même velouté qui tapisse le coeur enfantin
de Gros Charlie Schlingo. Charlie Schlingo ne parle jamais pour
ne rien dire. Ca n'a pas l'air difficile. Essayez donc! J'ai eu
le plus grand mal à attirer son attention en passant devant
la terrasse où il était attablé, étudiant
farouchement Télé-Poche. Merveilleux menteur, il
adore qu'on lui mente. J'aimerais (mais n'ose) lui déclarer
ma
flamme, même lui demander sa main. N'importe, je l'ai déjà
fait cent fois. Il sait que je l'attendrai partout, à toute
heure de ma vie future, éternelle et transadamique. Il
m'a offert, chez feu sa grand-mère, c'est-à-dire
chez lui (ou bientôt : il y a à la fois sa batterie
et les meubles de la disparue; c'est un deuil frais.) des
bâtonnets
de surimi en salade, arrosés par un bordeaux qu'il connaît.
Bon Dieu, ça se clape sans y penser! Ensuite, ou avant
plutôt, il m'emmène au
bistro avec La Méchanceté, sa chienne. Tout est
fermé aux alentours de la satanée avenue des Ternes
en ce lundi de fin août. Ah, mais là? Un débit!
On s'y rue. Au bar, tout le monde le regarde, il fait un effet
sensationnel. J'aime Charlie Schlingo parce que c'est un type
pour lequel il n'existe pas de transition entre dormir et être
éveillé. C'est un type qui n'est jamais entre les
deux, jamais somnolent. Il pionce ou bien il veille, c'est un
guignol qui dort et puis qui rit et qui n'a
pas d'inconscient chiant.
- Gnalors, gna Méchanceté, gnon est méchangnte
auniourd'hui? répète-t-il d'une voix câline,
pris d'élans passionnés pour l'affreux animal.
Et la Méchanceté lui lèche les moustaches
et leurs deux coeurs palpitent l'un pour l'autre.
[tiens, la voila, Chuletta:]
Objet: Photos de Charlie Schlingo
Date: 5 juillet 2005 00:59:38 GMT+02:00
De: pirus
Salut, Thomas.
Voici quelques photos de Charlie Schlingo que j'avais
prises en janvier 2002 lors du salon d'Angoulême.
Il n'arrêtait pas de se marrer, comme souvent.
Je te laisse les installer sur le site car c'est le
genre de truc dont je me sens totalement
incapable, surtout avec mon sinistre bas débit.
Tu peux également transmettre la photo n°1 à
ceux qui voudraient un petit souvenir perso.
Je crois que c'est celle qui lui correspond le mieux.
Les photos sont en 600 pp, j'espère que c'est suffisant.
Je te ferai bientôt parvenir une drôle de lettre
qu'il m'avait envoyée, mais que je n'ai pas sous la
main pour l'instant.
À plus!
Pirus
--
Voici la lettre dont je t'avais parlé et que Charlie
Schlingo
m'avait envoyée afin que je complète sa bibliographie.
C'est débile au possible!
À bientôt,
Pirus
--
De: Francis Larvor
Date: 3 juillet 2005 15:18:09 GMT+02:00
À: Thomas Valere
Objet: Rép : site photos Schlingo
Salut Thomas,
Je te joins les qq dessins perso que j'ai de Charlie Schlingo,
en couleurs d'origine avec les défauts du scanner et les
plis du papier.
Par ailleurs j'ai, hors les albums publiés, des trucs récoltés
ici et là qui ne sont sans doute pas rassemblés
; en vrac : "les aventures de Giscard", des affiches
des Silver d'Argents, des pleine-pages d'Hara-Kiri, des pubs ou
des cartons, des strips dans Texto, dans Popo Color, des dessins
dans l'Echo des Savanes, la Mouîse, etc.
2 extraits de photos de Jean-Louis Guigue en 1985 chez Roby.
J'ignore certainement des tas de trucs, il en a quand même fait en pagaille, dont ce qu'il a fait ces dernières années, en particulier chez Picsou.
derrière le chien en transparence on voit des fesses au
verso:
un message codé qu'il avait glissé sous ma porte:
l'aveu qui sauva Omar (m'a tuer) :
esquisses pour une série d'hyppo émaillés
sur des assiettes à dessert:
celui-là, il l'avait fait pour la mort de Reiser :
à dans qq siècles
F
[Stéphane Rosse]
Objet: Rép : Des souvenirs encore en vrac ...
Date: 4 décembre 2005 21:37:49 GMT+01:00
De: st.rosse@pp.inet.fi
Comme j'avais pas assez de pognon pour picoler à Paname
je me suis debarassé
allègrement de mes albums dédicacés de Charlie
Schlingo (ceusse d'entre vous
qui ne sont pas alcooliques ne peuvent pas comprendre)
Mais qui est l'heureux détenteur de cette dédicace:
Ça me représente (moi, Tarzan, aka Stéphane
Rosse -j'ai le nez coincé dans
un verre de pinard, je dis "Ough, ough" et la légende
est dans le genre
"Attention Stéphane, l'alcool est un poison"
Je serais prêt à racheter cette dédicace pour
3000 euros ou alors pour rien
du tout. Merci de me tenir au courant.
Bien à vous très sincèrement
mon commentaire
Tu as perdu. En-vas toi.
Grosagro
Objet: Re
Date: 14 août 2005 17:13:39 GMT+02:00
De: st.rosse
Avec la disparition de Charlie Schlingo c'est non seulement
un grand ami que nous perdons mais aussi un très grand
professionel.
S'il était besoin de vous en convaincre je livre à
votre jugement les faits qui suivent.
Depuis plusieurs années le grand Jean-Pierre Dionnet
essayait de nous convaincre, Charlie Schlingo et moi, de
travailler
pour l'animation. Tâche des plus difficiles d'autant plus
que j'avais déjà émigré en Finlande.
Il nous fallait aussi trouver d'autres personnages que Grocoincoin
et Fatafata, ces derniers n'étant pas libres de droits
à l'époque. Qu'importe! Charlie Schlingo avait déjà
trouvé leurs dignes successeurs: Phidias et
Hypnopor-Ouroubourou.
Après plusieurs faux départs Charlie Schlingo et
moi réussissons enfin à mettre ce projet sur pied.
C'est alors que Charlie Schlingo décide de se casser la
jambe (il avait inventé avec les Silver d'Argent ce jeu
hilarant et parfaitement stupide qui consistait à mimer
des bagarres de cinéma dans les bars et les restos -le
but à peine inavoué de ce jeu étant de renverser
le plus de tables possibles avant l'arrivée des tauliers-
mais cette fois-ci Charlie Schlingo fit un mauvais atterrissage)
Bref, je débarque de Finlande, engouffre Charlie Schlingo
et son membre plâtré dans un taxi et en route pour
la maison de la Radio où nous avions rencard avec un producteur.
Arrivés sur les lieux, la solennité massive de ce
grand machin nous fait frissonner d'émoi. Une réceptionniste
nous mène vers les bureaux de production dans lesquels
Dionnet nous attendait déjà.
Il devait avoir pas mal travaillé le producteur en nous
attendant: Charlie Schlingo est accueuilli comme un roi. Le voyant
avec ses béquilles et la jambe dans le plâtre le
producteur (dont je tairais le nom) décide de nous faire
faire le tour du propriétaire: il empoigne une chaise de
bureau montée sur roulettes et propulse Charlie Schlingo
de couloirs en couloirs, de bureaux en bureaux, d'un ordinateur
à l'autre. Je trottine derrière.
L'heure de passer aux choses sérieuses arrive. Nous nous
installons dans le bureau du producteur, Dionnet un peu en retrait
pour nous soutenir en cas de besoin. Charlie Schlingo attaque,
très pro: "C'est quoi comme bécanes que vous
avez?"
Le producteur ne s'attendait pas à celle-la "Ne vous
inquiétez-pas de la partie technique, nous nous chargeons
de cela".
C'était mal connaître mon Charlie Schlingo: "Ouais
mais moi pour bosser faut que j'sache quand même c'que c'est
comme bécanes que vous avez!"
Dionnet à la rescousse! Comme Charlie Schlingo avait du
mal à se traîner jusqu'à sa salle d'eau vu
sa patte cassée, il portait une barbe de 7 jours et des
vêtements de 2 mois. Dionnet:"Saviez-vous que Charlie
Schlingo est le seul authentique grunge français?"
Grunge! Le terme fait mouche! Le producteur respire. Il se détend,
sourit, se pâme. Ce Dionnet, quel talent!
Charlie Schlingo sent que c'est le moment de le clouer sur
place:"Pour
cette série j'ai tout dans l'chou! J'ai même trouvé
la musique du générique!"
Alors, sans que personne ne lui ait rien demandé, de ses
plus belles intonations de basse, sur l'air de "Dallas"
Charlie Schlingo se met à scander:
"Phiiidias, Hypnopor-Ouroubourou! Phiiidias,
Hypnopor-Ouroubourou!
Phiiidias, Hypnopor-Ouroubourou!??????Phiiidias,
Hypnopor-Ouroubourou!"
Ça pendant 1mn30! Montre en main!
Nous sommes tous comme hypnotisés. Dionnet est le premier
à sortir de sa stupeur. Et pour prouver s'il en était
besoin encore que nous sommes de vrais professionnels acharnés
de travail il lance à l'intention du producteur: "Et
ce projet vous pouvez le terminer assez vite les gars, pas vrai?
Vous êtes quasiment prêts?"
"Ben, dit Charlie Schlingo visiblement très préoccupé,
faut voir quand j'aurais le temps pasque demain je dois aller
à la poste et après-demain c'est le lavomatic?"
Je repartis le lendemain pour la Finlande.
J'appris bien des années plus tard que ce producteur avait
mis fin à ses jours -mais cela n'a aucun rapport avec notre
histoire.
J'ai eu Dionnet au téléphone il y a quelques jours,
il se porte bien. Dieu le bénisse.
On était à Besançon et un garçon d'environ 12 ans vient avec ses parents demander une dédicace de Charlie Schlingo. Charlie Schlingo écrit comme dédicace : "tes parents vont bientôt mourir". Les 3 sont repartis traumatisés. Merci qui ? Merci Professeur Charlie Schlingo !
--
Date: 14 août 2005 17:14:16 GMT+02:00
De: st.rosse
À: tvalere@pobox.com
Salut Thomas,
Un jour, au lieu de noter les idées à Charlie Schlingo sur des dessous de bock, j'eusse la formidable présence d'esprit de prendre un vrai bout de papier en papier. C'est pourquoi je suis à même de te retranscrire dans son intégralité la vie de Pavarotti par son biographe attitré: Charlie Schlingo
La vie de Pavarotti
Né en 1641, de mère inconnue et de père
Pavarotti, il commence par avoir une enfance heureuse. Sa vie
d'adulte n'en sera que plus triste!
Il s'embarque sur le MayFlower mais dans l'autre sens: c'est l'un
des premiers indiens à débarquer en Italie.
Son plat préféré est l'éléphant
de mer.
Pour devenir gros il décide de manger de plus en plus.
S'introduisant dans les cuisines des restos il se met à
chanter pour faire fuir les cuistots. Il ira même jusqu'à
piquer les petites cuillères!
Finalement, lassé de sa propre voix, il apprend la musique.
Il est l'inventeur du fameux proverbe: "La vie est pavée
de carottes".
Pavarotti avait beaucoup d'amis de tous les sexes. Ne disait-on
pas de lui qu'il était l'amant discret de ses femmes et
l'ami encombrant de ses voisins?
---
Bribes de dialogues conservés sur du papier
Fatafata et Grocoincoin.
(Fatafata, lisant un livre d'épouvante)
"Savais-tu Grocoincoin que les loup-garous sont beaucoup
plus cons que les teckels? mais par contre ils vivent beaucoup
plus longtemps".
Grocoincoin: "Que c'est bon de retrouver son petit lit où une gonzesse n'a jamais posé son cul?comme ça j'ai même pas besoin de laver les draps".
(Fatafata, expliquant les propriétés du miroir(?!)
à Grocoincoin)
"C'est assez simple: le miroir te renvoie ton image virtuelle
immatérielle par le truchement d'un indice de réfraction
calculable selon les angles que forment ta sale gueule"
(Grocoincoin regardant un disque vinyl tourner sur sa platine)
"Je ne comprends pas, ce disque tourne plus vite que le chanteur
ne chante!"
(et le désormais célèbre?)
"Qu'est ce qu'il branle ce pédé?"
---
Objet: Rép : sur charlie
Date: 28 octobre 2005 13:16:25 GMT+02:00
Et celle-là:
Dans les années 80 via les Humanos nous sommes invités
a l'inauguration de
Virgin Megastore sur les Champs.
Promo pour les Humanos et pour nos bouquins bien sûr, mais
aller boire un
pot dans un supermarché c'était pas vraiment du
goût à Charlie tu t'en
doutes.
D'autant plus que le chef de rayon ou du magasin ou de mon cul
toisait
Charlie et son air de voyou de toute l'arrogance que sa position
sociale
devait être en droit de lui assurer.
En quittant le pot Charlie ne le rate pas, il va le voir et lui
dit: "Merci
de m'avoir invité à Virgin mes castors, mais je
me suis gourré j'ai cru qu'on m'avait invité à
Castorama!"
---
Ah oui c'est vrai, j'avais oublié "te
fais
pas chier le système bital". Il
faisait ça, maintenant je me rappelle, il inventait une
expression puis la
tordait dans tous les sens jusqu'à ce que ça devienne
complètement n'importe
quoi.
Comme ce coup aussi, j'habitais près de la rue Béliard
et quand Charlie pour
la première fois à noté ce nom il s'est mis
à gueuler d'une voix de prophète
de l'Apocalypse "Béliaaal! Trois fois Bélial!!!"
(Bélial= le mal dans le
judaisme). Après pendant des mois et des mois il pouvait
pas passer devant
cette rue sans gueuler ça. Et je veux dire il passait me
voir plusieurs fois
par semaine! Il faisait son petit effet dans mon quartier. C'est
marrant
quand tu sais comment lui est venu l'idée de gueuler ça
mais te rappelles tu
qu'il gueulait ça à toute occasion pendant un moment?
Il faisait les
"cornes" derrière la tête des gens et il
gueulait:"Béliaaal! Trois fois
Bélial!!!" Complètement barje!
Tu te rappelles aussi la question qu'il posait toujours pendant
une période:
"Eh, t'as déjà pissé de la merde et
chier de la pisse?"
Et je confirme qu'il était vachement en pétard si
on lui disait qu'il vivait
dans un monde de bd! Je crois que c'est parce que ça limitait
un peu trop
son talent multiple. A ce sujet, as-tu dans ses archives ses
textes
écrits
(nouvelles). Il écrivait vachement bien et trop rarement.
Et à propos de vivre dans un monde de bd: au début
des 90's à Pigalle, à la
Cockney. 4h du mat' on est les derniers clients avant la
fermeture,
hormis
un autre couple homosocial. Rien qu'à les voir t'as compris:
ça pue le cogne
à 100 mètres. Et avec la vivacité d'esprit
et la finesse qui les caractérise
ils nous abordent "amicalement". Cela devait faire partie
visiblement d'une
vaste opération de renseignements à l'échelle
nationale dans les milieux
interlopes.
Leur pitoyable stratagème est une insulte à l'intelligence
de Charlie qui au
bout de quelques minutes leur lance: "Mais maintenant je
les reconnais! Ce
sont nos deux sympathiques gaulois, Astérix et Obélix"
Et crois-moi si tu veux, à cette phrase le plus teigneux
des deux à
immédiatement sorti sa radio pour appeler une bagnole pour
nous finir au
poste! Çe qui ne s'est pas fait.
Comme l'a ecrit Charlie dans Coincoin (?!!): " En France
tout se termine par
des chansons.... et en prison!"
Objet: Rép : dead serious
Date: 18 juin 2005 01:09:22 GMT+02:00
De: griffy@zippythepinhead.com
Thomas-
Sorry to hear the news about Charlie Schlingo---I just Googled
him to look
at some of his stuff---
-Bill
Objet: Rép : site photos Schlingo
Date: 30 juillet 2005 22:12:43 GMT+02:00
De: griffy@zippythepinhead.com
TV-
Very nice "tribute" to Charlie Schlingo---sniff......
-Bill
Objet: Charlie's Souvenirs.
Date: 24 décembre 2005 02:09:33 GMT+01:00
De: Pierre Senac
Bonsoir Stéphane, bonsoir Grosagro,
C'est en regardant ce soir une rétrospective du journal
Grolandais de l'année que j'ai appris qu'avait eu lieu
une expo à la mémoire de feu Charlie Schlingo en
octobre.
J'ai alors aussitôt google-iser cette info qui m'a aussitôt
confirmer la triste nouvelle et fourni vos adresses mail.
La machine à souvenir s'est aussitôt mise en marche
pour m'ouvrir une brèche spatio-temporelle de presque 20
ans ... Retour dans le 18éme quartier abbesses vers 1986.
Vu Charlie Schlingo dans un troquet à la lumière
jaunâtre (taulier Arezki me semble-t-il) entamer sa soirée
avec sa partie de backgammon avec Stéphane.
L'emploi du temps continuait au music-hall bar où il y
avait des tentatives de "nouvelles poésies".
Désolé, je ne me rappelle plus des vers déclamés,
je me souviens que je m'ingéniait (sans succès)
à triturer mon cerveau pour tenter de rivaliser avec le
crétinisme diamant brut que seul feu Charlie S savait produire.
Las j'avalais des verres ...
Ensuite, mais j'atteignait rarement cette étape, direction
un night-club ou l'on ingurgitait un truc nommé "matraque"
(jamais revu ni rebu depuis, mais c'était un truc à
perdre la mémoire ...). La dernière fois que j'y
fus, j'ai rapidement fini dans les WC la tête contre la
cuvette, chaque fois que j'y pense j'ai le refrain de la chanson
de Bashung qui me trotte dans la tête:
"C'est lavabo,
Fond du couloir, troisième porte à droite,
Tu cherches la lumière et c'est l'impasse,
Tu voudrais que ça débouche sur quoi ?"
Merci Stéphane de m'avoir fait rapatrier en taxi ce soir-là
...
C'est le souvenir type qui me reste d'une soirée avec Charlie
Schlingo, je l'ai peu connu mais ça m'a durablement marqué
...
Sinon en vrac, je me rappelle l'avoir vu verser des coups de rouge au poisson rouge de Stéphane, l'avoir vu boire un verre de vinaigre toujours chez Stéph. parce qu'il n'y avait plus rien d'autre à boire et puis il me semble que quand il rigolait ça donnait un truc du genre hou hou hou hou hou.
On étaient une petite bande de mioches de la campagne autour de Mantes La Jolie, Laurent, Sylvain, Serge, Dominique et votre serviteur à nous poiler des exploits et des tirades du grand "maître du lose". Parfois il était venu dans notre lointaine cambrousse partager les récoltes d'un ami jardinier.
Je pense à vous et à votre tristesse, vous qui étiez ses proches.
Textes © leurs auteurs respectifs
Images © propriétaires des originaux
Webmaster = Grosagro